Après Alice Guy le mois dernier, c’est un autre pionnier qu’on vous propose de (re)découvrir en avril. Né en 1888 dans une famille d’architectes, Marcel L’Herbier se destine tout d’abord à la littérature en publiant poèmes et essais sur la musique et la danse. Mais c’est en 1916 qu’il va trouver sa voie, alors qu’il est incorporé au service cinématographique des armées, où il apprend les bases techniques de son futur métier. Mais il n’abandonne pas pour autant ses premières amours : il voit le cinéma comme une nouvelle forme d’écriture, une manière de poésie mise en images. Il se lance alors dans le tournage d’une série de films expérimentaux dans lesquels il va mettre au point de nouveaux outils narratifs – surimpressions, anamorphoses, travail sur les ombres… Aux côtés de Germaine Dulac et Louis Delluc, il contribue à la création d’une école impressionniste française qui constitue une réponse à l’expressionisme allemand qui triomphe alors. Parmi ses plus grands films, citons "El Dorado" (1921), "L’Inhumaine" (1923) et surtout "L’Argent" (1928) d’après Émile Zola, où les tractations financières donnent lieu à un ballet d’images en forme de cinéma pur, et qui sera son dernier film muet. Avec l’avènement du parlant, plus lourd techniquement, L’Herbier met un terme à ses expérimentations formelles et se dirige vers un cinéma plus classique, mais toujours d’une grande maîtrise technique. On citera entre autres deux films policiers, "Le Mystère de la chambre jaune" (1930) et "Le Parfum de la dame en noir" (1930), dans lesquels persistent des traces du muet, notamment dans l’utilisation des décors. Toute sa vie, Marcel L’Herbier aura à cœur l’héritage et l’avenir de son Art, tout d’abord en contribuant à la fondation de la Cinémathèque française, puis en créant l’IDHEC. Pionnier jusqu’au bout, il sera également l’un des tout premiers cinéastes à travailler pour la télévision. C’est l’œuvre d’un authentique poète de l’aube du cinéma que nous invitons à explorer ce mois-ci sur TCM Cinéma.