Hollywood a toujours adoré se regarder dans un miroir. En ce mois de Festival de Cannes, on vous a concocté un cycle de films situés sur des plateaux de tournage. Commençons par le plus célèbre : au-delà de ses numéros musicaux mythiques, "Chantons sous la pluie" est aussi une remarquable comédie sur les difficiles débuts du parlant émaillée de scènes de tournage hilarantes. Le film est également truffé de clins d’œil aux débuts d’Hollywood ; ainsi, le directeur du studio est un évident pastiche de Louis B. Mayer, et le réalisateur Roscoe Dexter est calqué sur Erich Von Stroheim. Moins connu – c’est d’ailleurs la perle rare de ce cycle -, "Le Diable en boîte" narre les mésaventures d’un homme fuyant la police et qui trouve refuge sur un tournage où il est embauché en remplacement d’un cascadeur mystérieusement disparu, ce qui lui vaudra quelques jolis moments de parano. Parfois, la fiction contamine le réel, comme dans "The Last Movie" dans lequel les habitants d’un village péruvien tentent de reproduire le tournage d’un western auquel ils ont assisté. Mais Hollywood, ce n’est pas que le haut de l’affiche : dans "Ed Wood", Tim Burton s’intéresse à un perdant magnifique, souvent considéré comme « le plus mauvais réalisateur de tous les temps », qu’il préfère montrer comme un doux rêveur amoureux du cinéma, et choisit de ne pas mentionner ses difficiles dernières années, s’arrêtant au « triomphe » de son plus connu, Plan 9 from Outer Space ; on en retiendra la magnifique prestation de Martin Landau en Bela Lugosi. Faisons la connaissance d’autres bricoleurs dans "Ça tourne à Manhattan", où le chef-op de Jarmusch nous montre les coulisses du tournage catastrophique d’un film indépendant, égratignant au passage quelques figures du genre comme Lynch et Tarantino. Encore plus corrosif et radical : dans "Cecil B. Demented", des cinéastes amateurs kidnappent une star pour l’obliger à jouer dans leur film. En mai, TCM Cinéma vous révèle l’envers du décor.